Restez centrés !
Voilà les mots de notre maître de tai chi, à l'issue du dernier cours de l'année. C'est une suggestion qui m'a semblé particulièrement avisée dans cette période.
Le paysage mondial est agité par beaucoup de tempêtes. Soumises à de fortes pressions, nos sociétés, en France et ailleurs, se polarisent violemment. Si bien que la possibilité d'échanger, de converser, de s'exprimer avec nuance, de débattre sans être tenu de "choisir son camp", se réduit comme peau de chagrin, remplacée par l'invective et la disqualification.
Les dirigeants et les élus, censés "montrer le cap" et faire preuve de leadership, perdent leurs repères et donnent un spectacle affligeant. Notre système institutionnel, garant du vivre-ensemble, fait entendre d'inquiétants craquements. Derrière le dégoût, ce sont l'incertitude, la peur et le déni qui gagnent les esprits. Après moi le déluge !
Face à ce "désaxement" général, il s'agit de ne pas pas perdre le sien, d'axe.
La verticalité est une dimension essentielle à l'équilibre. Mais, de même que l'autorité n'est pas l'autoritarisme, la verticalité n'a rien à voir avec l'arrogance de (soit-disant) "premiers de cordée" ni avec la volonté de domination de ceux qui entendent formater les esprits à l'aide d'algorithmes de désinformation.
Rester centré, cela commence par essayer de tenir droit, quoique cela signifie pour vous. C’est quelque chose qui se sent.
C'est garder au coeur ce qui est important, ses amis, sa famille, ses proches, son cercle d'influence, l'intérêt collectif.
C'est rester cohérent avec ses valeurs, ce qui n’est pas négociable, et qui exige toujours de la lucidité, et un certain courage.
C'est se tromper, et redresser le cap.
C'est une attention douce et déterminée à ne se laisser gagner ni par le désarroi, ni par la colère, ni par le ressentiment.
C'est valoriser la gentillesse, la bonne volonté, l'effort d'harmonie et de justesse, et peut-être cette chose qui n'est pas spectaculaire : une certaine mesure.
Rester centré, c'est de ne pas se laisser ébouriffer par les mauvais vents de l'époque. C'est cultiver notre esprit critique, cette qualité française depuis Voltaire, seul antidote au déferlement de la pensée perverse.
Rester centré, au fond, c'est préserver en soi une part de silence et de recul. Même dans le vacarme. Surtout dans le vacarme.
Je vous souhaite une bonne année 2025.