Je me souviens d’une histoire qui me fascinait (et m’inquiétait) enfant, que j’avais lue, je crois, dans un grand livre illustré (Le chat Jérémy et autres histoires de chats). La voici.
Il était une fois, dans l’ancienne Chine, un jeune garçon qui aimait dessiner des chats. Ses parents étaient très pauvres et s’inquiétaient de son avenir. Voyant qu’il était doué pour l’étude, quand il eut atteint l’âge de douze ans, ils l’envoyèrent se présenter à un monastère de montagne, pour y faire une vie de moine. Le garçon se mit en chemin, et après une longue journée de marche, arriva en vue du monastère à la nuit tombante.
Le monastère était vide. Le garçon erra par les grandes salles désertes, où se perdait l’écho de sa voix. Et comme la nuit s’avançait et qu’il n’était pas rassuré, il trouva un petit cabinet où s’installer pour dormir. Il ne pouvait savoir que le monastère avait été déserté par ses occupants. En effet, l’endroit avait été envahi par des démons, et les moines terrifiés s’étaient enfuis.
Au moment de s’endormir, le garçon commença d’entendre des bruits effrayants dans les salles adjacentes, et bientôt une véritable sarabande. Il était terrorisé. Ayant allumé une bougie, il découvrit alors dans un petit meuble un rouleau de papier et de l’encre. Alors il se mit à dessiner à la lueur de la bougie. Les bruits effrayants redoublaient dans le monastère. Il continuait de dessiner, des chats et encore des chats. Finalement il sombra dans un profond sommeil. Il rêva encore de chats. Un rayon de soleil qui entrait par un vasistas le réveilla. Alors, il poussa la porte du cabinet, et découvrit que tous les démons étaient morts : ils avaient la forme d’énormes rats. C’est alors qu’il regarda de plus près ses dessins de la nuit. Il vit que tous les chats qu’il avait dessinés avaient maintenant du sang aux babines, et sur leurs griffes, et que leurs yeux brillaient de satisfaction.
Notre espace intérieur est parfois colonisé par les peurs, les doutes, l’angoisse. Dans ce cas, la création est souveraine qui nous permet de traverser les ombres et faire revenir la lumière.
Merci Marc, une belle variation sur le thème de “ cessez de peindre des tigres et des dragons et de vous effrayer à leur vue ensuite.” Amitiés des Alpes nord Styriennes.