C'est quelque chose qui peut venir dans un coaching, ou un travail thérapeutique, au moment où une personne envisage un changement dans son comportement, et d'agir de manière à affirmer sa position et ses valeurs, alors que jusqu’à présent elle ne s’y était pas autorisée. Tout à coup, elle réalise que ce qui la freine, ce qui l’empêche et l’inquiète, est ce paramètre de l'équation : le regard des autres.
Oui mais qu'en penseront les autres ? Que diront les gens si j’agis différemment ? Si je fais quelque chose qui n’est pas habituel ? Si je dis “non” à ce qu’on me propose ? Si je fais ce choix de vie, ou ce choix professionnel ? Si j’agis de cette manière, est-ce que cela ne sera pas jugé négativement par mes proches, par mes parents, par mes collègues, par les gens en général ? Etc
Se préoccuper des autres est bien naturel. Nous ne sommes pas seuls. Nous dépendons des autres et les autres dépendent de nous. Mais se déterminer et conduire son existence en fonction de ce qu’on croit qu’ils penseront de nous ?
Notez, on peut passer sa vie à agir de cette manière, sur le qui-vive pour éviter le qu’en dira-t-on, pour donner à tout prix l’apparence de la réussite (merci Instagram 🙄 !), pour se conformer à un certain ordre des choses, faire en sorte de ne pas “faire de vagues”, ne jamais montrer de fragilité mais au contraire une image de succès, etc. C’est souvent une affaire d’éducation. Préserver les apparences, à tout prix, et quoiqu’il arrive donner le change. Etc.
(Je songe ici au livre de Fritz Zorn, Mars, récit assez stupéfiant d’un homme d’une trentaine d’années qui prend conscience de la terrible névrose d’apparence, cette obsession de la conformité bourgeoise, la peur panique du regard des autres, qui est celle de ses parents, et qu’ils lui ont transmis, et qu’il a intériorisée, jusqu’à s’en rendre malade, jusqu’à ne plus même savoir qui il était vraiment — au-delà de cette image parfaite qu’il fallait donner de soi à l’extérieur, à tout prix, mais une image creuse.)
Ce regard qu'on imagine que les autres portent sur nous (pour nous désapprouver bien sûr) est en réalité une forme de jugement que l'on porte sur soi. Le "regard des autres" n'existe pas en tant que tel. Ou s’il existe, il leur appartient. Et que peut-on savoir de ce que pensent les autres ? N’est-ce pas leur affaire ? On a déjà assez à faire avec soi, il me semble, pour ne pas agir en fonction de ce que pense ou ne pense pas telle ou telle personne (ou plus précisément de ce qu’on suppose qu’elle pense, car on n’est pas dans la tête des gens).
Il y a bien sûr des “autres”, un entourage, un contexte, des personnes dont l’avis compte, ou qui sont concernées par les décisions que l’on prend. Il y des personnes qui nous sont chères, que l'on respecte ou que l'on admire, et qui sont de bon conseil. Je ne suis donc pas en train de dire que les avis et points de vue extérieurs ne méritent pas d’être entendus. Au contraire.
Mais.
Mais, au bout du bout, nous prenons les décisions importantes "en notre âme et conscience". On peut se raconter toutes sortes d’histoires, sur ce que veulent ou ne veulent pas les autres, sur ce qu’ils diront ou ne diront pas si nous ne nous conformons pas à ce qu’ils pensent ou souhaitent eux-mêmes, mais la question, à l’heure d’agir, c’est d’être soi-même aligné. Les opinions d’autrui, d’éventuelles réactions de leur part, cela fait partie du contexte. Mais l'intuition que l’on a, le choix que l’on fait, de s'engager, de s’affirmer, au bout du compte, c’est toujours le nôtre.
Pour ce qui compte vraiment, on décide toujours de la même manière qu'on meurt : seul-e.
D’ailleurs, quand une décision est mûre, on le sent. Oui c’est quelque chose qu’on perçoit dans le corps et qui signifie qu’on est à sa place, et qu’on est en train de faire ce que l'on doit, qu’on est dans le juste, qu’on est en accord avec ses valeurs.
Ne nous laissons pas arrêter par ce qu’on imagine que les autres pourraient dire de nous en nous voyant agir comme nous l’avons décidé.
Comme disait un de mes ancien collègue, "une fois qu’une décision est prise, il ne reste plus qu'à la faire réussir". Simple.
Si l'on se trouve devant un mur ou un obstacle, et qu'on a décidé de le franchir, alors balancer son sac par dessus le mur (ça c’est la décision). On devra bien ensuite trouver le moyen de passer l'obstacle d'une manière ou d'une autre (ça c’est l’action). On avance dans la direction qu’on veut pour soi. Et peu importe ce qu’on imagine qu’en penseront “les autres”. D’ailleurs, il se pourrait bien qu’ils approuvent !
Bonne route
Le regard des autres c'est beaucoup ce que le regard sur soi, souvent notre 'procureur' intérieur, projette du regard des autres sur soi.... Cultiver la bienveillance envers soi-même c'est accroître son estime et sa confiance en soi. Du coup c'est accepter le regard des autres à titre d'information sur le cadre dans lequel se prend la décision et s'exercera l'action mais en aucun cas comme l'un des moteurs du choix qui doit avant tout se faires "en son âme et conscience".
Un vrai terreau pour nos idées, tes posts, merci Marc. Pêle-mêle :Jeter son sac de l autre côté du mur équivaudrait à matérialiser notre prise de décision - se projeter dans le « futur d après » donc. Quid des sociétés plus auditives ( mauvaise blague matinale, désolé :-) ). Regards bienveillants ou critiques, au final c est au récepteur qu est le regardé regardant de faire son tri à l aune de son écologie. Encore un chantier ... A bientôt autour d un café croissant parisien !