Le nord de notre boussole (2/2)
Face à un problème qui nous obsède, choisir de porter notre attention sur nos leviers de motivation et nos ressources intérieures permet de retrouver de la confiance, pour passer à l'action !
Une manière d’aider quelqu’un qui se trouve sérieusement bloquée par une difficulté est de l’inciter à sortir du face-à-face avec son “problème”. Ça marche aussi pour soi, d’ailleurs. C’est contre-intuitif, mais à la limite, si on a l’impression d’être devant un mur infranchissable, ou d’avoir pris une brique sur la tête, une bonne technique est d’aller dormir : le sommeil et le rêve pourrait bien nous apporter la solution sans qu’on ait besoin de se fatiguer à trop réfléchir !
Bien sûr, en cas de difficulté, il y a souvent besoin de prendre le taureau par les cornes, et d’agir. Souvent c’est ce qu’on peut faire de mieux. Au moins un premier pas ! L’action est anxiolytique. Elle libère de l’angoisse.
Mais il arrive aussi qu’on ne sache pas quoi faire, ou comment faire. Et si on ne voit pas comment agir, ou qu’on essaie et qu’on n’y arrive pas, on risque de ne plus voir que l’obstacle qui grandit et prend toute la place dans notre esprit. Cela nourrit le découragement. On se déprime. C’est un cercle vicieux.
Il y a de nombreuses stratégies d’accompagnement dans ce cas.
Du déficit à la capacité
L’approche narrative aide à se décoller de ce qu’on appelle “problème”, à mettre de la distance avec l’histoire qu’on se raconte, à ne pas s’identifier à la difficulté et aux croyances qu’on y attache, et à mobiliser nos ressources à travers un nouveau récit, un récit dans lequel on prenne toute sa place comme acteur de notre propre changement.
La psychologie positive et l’approche appréciative suggèrent d’interroger le client ou le patient sur ce qui va bien (dans sa vie, dans son travail, dans sa journée à l’école, etc.) Pas de manière allusive, ou marginale. Au contraire : l’interroger sincèrement et précisément (pour qu’il y porte vraiment son attention) sur ce qui lui procure de la satisfaction. Qu’est-ce qui est particulièrement agréable ? Qu’est-ce que cette personne aimerait faire encore plus souvent ? Ce questionnement permet de faire apparaître ses leviers de motivation (ce qui donne du plaisir à une personne, ce qui la mobilise, donc ce qui peut l’aider à se mettre en mouvement et à agir).
(Cela fonctionne très bien aussi pour un collectif. Une équipe qui estime manquer d’efficacité pourrait être interrogée sur tout ce qu’elle réussit, là où elle se sent efficace — il y a toujours des choses qui marchent, heureusement ! — et le plaisir que cela procure à ses membres, individuellement et collectivement.)
La force de l’imaginaire
Ces approches ont en commun de faire appel à l’imaginaire (notre plus grande force).
Elles installent un état d’esprit génératif, dans lequel notre créativité est stimulée, car c’est d’elle dont nous avons besoin pour nous adapter au contexte. Placer au centre de notre attention ce que l’on réussit, ce que l’on sait faire, ses savoirs et ses capacités, ne vise pas à convaincre qui que ce soit, mais à sortir d’un jugement sur soi biaisé négativement. À rééquilibrer les choses. Quand on a poussé cette porte, il entre une lumière qui éclaire la réalité sous un autre jour, ce qui permet de voir certaines directions que nous pouvons emprunter, et qui étaient dans l’ombre. Il y a un effet libérateur. Des opportunités apparaissent tout naturellement.
En coaching individuel et en thérapie, certaines techniques (conversation hypnotique par exemple) permettent d’ancrer les sensations qui sont liées à la conscience de sa compétence, au fait de se sentir à sa place, de savoir et de pouvoir faire les choses. Ancrer cette confiance et pouvoir faire appel à cette force intérieure en cas de besoin est une approche des problèmes par la ressource, typiquement ericksonienne.
Cependant, dans tous les cas, il faut savoir que les bénéfices d’un accompagnement dépendent moins des techniques ou des méthodes utilisées, que de la croyance (inconsciente) du coach ou du thérapeute dans la capacité de son client ou de sa cliente à faire face et à évoluer. C’est ce qu’on appelle l’effet Pygmalion (ou Rosenthal). On sous-estime presque toujours cette dimension relationnelle du coaching et de la thérapie, qui est pourtant essentielle pour soutenir le changement que l’on désire.