L'art de réussir son burn-out
Réjouissons-nous que l’époque offre tant d’opportunités de s’épuiser dans le travail
Gaston Lagaffe, le flemmard magnifique imaginé par Franquin, n’est plus un modèle pour personne, semble-t-il. Au contraire, tout, autour de nous, invite à se vautrer dans l’excès, dans la suractivité, à emporter compte-rendus de réunions et dossiers en retard jusque dans ses cauchemars - pour déclencher l’inévitable burn-out qui obligera, enfin, à se reposer.
Mais que l’on ne s’y trompe pas : il faudra pour atteindre le point de rupture un effort d’aveuglement quotidien, une détermination farouche à refuser d’entendre les signaux de notre corps malmené et de notre cerveau en ébullition. Pour dépasser ses limites, un climat de travail dépressionnaire, riche en injonctions contradictoires et surdosé (ou sous-dosé) en hiérarchie, un esprit du temps obsédé de performance, sont tout à fait propices. Un boss sans humanité, des collègues cruels, seront un atout dans votre jeu. Mais il faudra beaucoup de persévérance, ne surtout jamais lâcher l’affaire, garder jour et nuit l’oeil sur votre smartphone à l’affût de vos mails, on ne sait jamais. Un burn-out se prépare avec soin, il exige de choisir la stratégie appropriée, selon votre tempérament, vos inclinations, et votre contexte professionnel. Vous devrez appliquer les best practices garanties fatigue maximale, celles qu’utilisent les athlètes du burn-out que nous pouvons tous devenir, nous les anxieux, les perfectionnistes et les culpabilisants, les workaholics, les incapables de dire non, les complexés et les idéalistes, les militants de la bienveillance quoiqu’il arrive, les grands empathiques et les trop obéissants, les entrepreneurs à tout prix, tous candidats à basculer de l’autre côté, sur le versant obscur du travail.