La société du like abhorre l’hypothèse du conflit.
Je like, tu likes, nous likons. Liker : verbe faible. C’est l’interaction minimale, la monnaie sociale dévaluée qui tient lieu aujourd’hui de valeur partagée.
Ce que nous sommes en droit d’obtenir d’autrui : qu’il nous like. Aimer bien, c’est aimer peu. Dans un monde facialement modéré, proposant comme idéal le fantasme d’une interaction faiblement positive, valoriser la sèche vérité du rapport de forces, son inquiétante liberté, paraît hors de propos, désuet, ou pire : aventureux.
La société du like est celle du harcèlement, de l’insulte incognito, d’une violence verbale à l’abri d’un avatar numérique qui ne représente rien ni personne, masque grimaçant de la lâcheté et du panurgisme des mouches. On cultive le clash, la provocation, l’insulte ou le sarcasme, sous couvert d’anonymat, dans l’espoir de sortir du lot par la violence creuse, d’exister plus fort dans les yeux vides de l’algorithme.
La confrontation n’aura pas lieu à visage découvert. Faire mal, tant qu’on peut, sans se mouiller. Sans laisser d’adresse. Jouir comme d’un jeu, sous le masque, derrière l’écran, hors d’atteinte. C’est la logique du drone : tuer à distance, par joystick ou clavier.
Elle est universelle et intemporelle, sans doute, cette pulsion de la foule, la seule nouveauté est qu’elle rapporte. Une insulte, un click, un dollar.
Approche très juste, c'est un constat . Les solutions sont dans l'être même et sa volonté ou non de se rendre présent au monde ou juste là par hasard.