Le film Seul au monde raconte l’histoire d’un homme rescapé d’un accident d’avion au-dessus du Pacifique (incarné par Tom Hanks) qui a survécu plusieurs années sur une île déserte, abandonné de tous, dans une solitude qui a failli le rendre fou.
Lorsqu’il retrouve la civilisation, c’est pour réaliser que sa vie, sa vie d’avant, n’est plus. On l’a cru mort. Sa femme a refait sa vie avec un autre homme. Il est un étranger aux yeux de ses enfants. Le revenant n’a plus sa place. Lui-même a le sentiment de flotter dans une nouvelle peau au-dessus d’une réalité qui lui échappe. Toutes ses certitudes se dont effondrées.
L’épreuve a fait de lui quelqu’un d’autre, mais qui ?
À la fin du film, nous retrouvons le héros à un croisement de route, dans une plaine du middle west, autant dire au milieu de nulle part. Il a garé sa voiture au bord d’un chemin. Il scrute la prairie à perte de vue où rien n’arrête le regard. Il contemple les rubans de bitume qui filent vers l’horizon. Pas âme qui vive dans ce paysage. Il vient de remplir la promesse qu’il s’était faite sur son île, comme un vœu de retour à la civilisation : livrer à son destinataire un colis postal qui était dans son avion quand l’appareil a été foudroyé et s’est abîmé dans l’océan. Il vient de le faire. Il a déposé le colis sur le seuil d’une maison au bout de ce chemin. Mission accomplished. Et maintenant ?
Il est à la croisée des chemins. Tout est possible. Tout est ouvert. Plus rien ne l’attache. Il n’a plus de but, il est donc infiniment libre.
Alors (on est à Hollywood) l’univers se manifeste. Un point à l’horizon, qui grossit. Une voiture s’approche, qui ralentit à sa hauteur. La conductrice baisse sa vitre, s’étonne de le trouver là cet étranger. Son visage, voilà le signe. C’est l’épilogue du film. Le happy end est le début d’une autre histoire, qui ne nous sera pas contée, mais laissée à l’imagination du spectateur.
Notre destin est-il l’affaire du hasard ou bien l’écrivons-nous à notre encre ? La question est indécidable, au mieux c’est un pari pascalien. Mais quand plusieurs directions se présentent, on pourrait choisir ce qui a pour nous la force de l’évidence : ce qui enthousiasme, ce qu’on sent. Ce qui est du côté de la vie, de la beauté, ce qui nous appelle.
Ouvrir une trace qui derrière nous s'efface ...
Merci Marc. Est ce Wilson qui lui a tenu la tête hors de l eau par moment? Les vrais amis le font, pour sur. Et récemment j ai lu que le chemin de vie était derrière nous, de nos empreintes laissées, mais ce que avons devant nous est « intracé », donc le champ de ce qui nous est possible est vaste et ouvert, si nous voulons y croire.