C’est un paradoxe dont je vérifie chaque fois la force : pour s’ouvrir de nouveaux horizons, rien ne vaut de commencer par fermer des portes.
Je m’explique.
Vous avez, comme moi sans doute, divers projets et idées en tête, qui s’accumulent au fil du temps. Des hypothèses, des envies, par exemple appeler untel ou untel, mettre en oeuvre telle action, demander ceci ou cela (dans le registre du professionnel ou du personnel).
Il peut y avoir ainsi quantité d’“actions possibles” en suspens, et parfois depuis longtemps. Ces idées qui stagnent quelque part dans un coin de notre tête, on attend le bon moment pour les mettre en oeuvre, ou l’aval de quelqu’un, ou que telle circonstance se présente, ou que l’on soit le plus en forme pour avoir le courage de se lancer, etc. Il n’y a pas d’urgence. Ce sont autant de “portes ouvertes”, des hypothèses qui n’ont pas pris corps.
Quand je serai prêt :
… j’appellerai cette personne
… j’aurai une explication franche avec mon collaborateur
… je demanderai une augmentation
… je contacterai des chasseurs de tête
etc.
Les raisons de ne pas agir sont excellentes et nombreuses, et il peut s’agir de procrastination, mais bien souvent c’est la crainte d’un échec ou d’un refus qui fait hésiter. Cette peur est d’autant plus pernicieuse qu’elle n’est pas nommée. Si l’on dépend du bon vouloir ou de la réaction de quelqu’un, on craint que celle-ci soit négative. Plutôt que de risquer de se casser le nez sur une porte fermée, on évite surtout d’y sonner. Et l’on attend… On attend quoi ? Que les cieux soient plus favorables, peut-être ?
On se dit que tant que l’on ne nous a pas dit non, un “oui” reste possible.
Ainsi on laisse la porte ouverte.
On ne sait jamais.
Claquer la porte
La réalité, c’est que l’on n’est jamais suffisamment prêt. Et que ces hypothèses qui flottent dans notre esprit consument notre énergie. C’est pour cela que je recommande souvent à des clients, quand ils mentionnent ces “portes laissées ouvertes”, de tester leur hypothèse in real life. Là, tout de suite.
Oui mais si je le fais, je risque un refus, me dit-on. C’est fort possible, et parfois même probable. Or un refus sera une excellente chose : pas en lui-même, mais parce qu’un “non”, une porte qui se ferme pour de bon (ce que l’on présupposait sans avoir le courage de le vérifier), cela fait beaucoup de bien. Ça met de l’ordre. De la clarté. C’est un soulagement, quoiqu’on en dise.
Rien que du bonus.
Cela fait, vous retrouverez de l’espace pour penser et désirer autre chose. Inventer, créer.
Fermer des portes, c’est s’ouvrir le chemin.