Complexifier, une bonne idée
Pour sortir de la confusion, simplifier n'est pas toujours... le plus simple
Dans les situations difficiles, le réflexe le plus naturel est de vouloir simplifier les choses, de chercher la “ligne claire”, car il semble que la solution à notre problème n’en sera alors que plus évidente.
Et cependant, si la situation apparaît inextricable, ce pourrait aussi être qu’elle est envisagée d’une manière disons “unidimensionnelle”. Qui dispose pour seul outil d’un marteau aura tendance à voir tous les problèmes sous la forme de clou. Pour avancer, il lui sera utile d’introduire des variables supplémentaires dans son équation.
Par exemple, un problème budgétaire pourra se trouver transformé d’y introduire une réflexion sur la dynamique humaine qui résultera des choix financiers qui seront faits. Un dilemme de management pourra gagner à être considéré sous l’angle de la meilleure performance économique. De même, une réflexion prospective s’éclaire souvent à la lumière de l’analyse d’une situation passée que l’on n’aurait pas songé à examiner dans un travail tourné vers l’avenir.
Voici donc quelques pistes pour complexifier :
présenter votre question à quelqu’un qui soit extérieur à votre système : son regard vous ouvrira des perspectives différentes, qui viendront ajouter une dimension nouvelle à votre réflexion
si vous êtes pris dans une alternative impossible entre solution A et solution B, et que ni l’une ni l’autre ne convient — comment pourriez-vous envisager une troisième voie ?
introduire un décalage par un questionnement paradoxal, qui peut désembourber : se poser la question de son ressenti et de son intuition (si l’on a tendance à rationaliser à tout prix), se demander ce que l’on ferait si on avait tout notre temps (si l’urgence semble commander), explorer la possibilité de ne rien faire (si l’on pense qu’il faut à tout prix agir)
changer quelque chose dans la modalité d’élaboration d’une solution. Par exemple, si l’on a jusque là réfléchi par écrit : dessiner la situation. Si l’on a privilégié la réflexion en équipe, créer un groupe de travail restreint pour préparer la décision. Etc.
En somme : si la clarification reste l’objectif final, il est souvent utile, sur le chemin qui y mène, de procéder à une opération qui peut sembler contre-intuitive, mais permet d’élaborer des solutions mieux adaptées.
Complexifier (qui n’est pas “compliquer”) permet d’introduire de nouvelles couleurs dans la palette pour cesser de voir notre problème en noir et blanc.