Comme on se quitte
Partir avec sérénité, ou panache, se quitter "en bons termes", toute séparation professionnelle mérite qu'on en prenne soin
On ne consacre par toujours l'attention qu'il faudrait à « bien finir » les choses, à mettre un terme à une relation professionnelle avec clarté.
C’est d'ailleurs une question qui revient souvent dans les coachings, d’une manière ou d’une autre. Par exemple, au moment d’une prise de poste, voilà que s’invite un regret sur le poste que l’on a occupé précédemment, un départ qui s’est « mal passé », qui a été douloureux, qui a entamé la confiance en soi…
Quitter une fonction que l’on a occupé, et pour un manager signifier à une personne que l’on ne souhaite plus travailler avec elle, ça n’est pas toujours agréable. Les ruptures ont un coût. Une page se tourne. Des habitudes cessent. Pour celui ou celle qui s’en va, quelque chose de nouveau s’ouvre, avec selon le cas, de l’incertitude, parfois un sentiment d’échec, parfois du soulagement, ou l’enthousiasme que suscite un prochain projet.
Prendre soin au moment d’une séparation
Or souvent on ne prend pas suffisamment soin de soi et des autres, au moment de tourner la page. Je le sais bien, pour n’avoir moi-même pas su le faire, en quelques occasions. J’ai préféré m’éclipser, couper court. A quoi bon s’appesantir ? Parfois il semble que tout a été dit, et qu’il est inutile d’en rajouter.
Quoiqu’il en soit, je recommande d’apporter le plus grand soin à une séparation professionnelle. Ce n’est jamais du temps perdu, plutôt un investissement.
D’abord, bien sûr, il faudra prendre le temps de mûrir la décision elle-même : combien de fois ai-je vu un départ se faire sur un malentendu, sans que l'on ait exploré toutes les opportunités de renouveler la relation ?
Ensuite, la décision prise, il s’agira de la mettre en oeuvre en laissant derrière soi les choses en ordre - au moins autant qu’il est possible !
C’est un exercice de tact, et de franchise. Le désaccord ou la divergence des opinions n’empêchent pas de se dire les choses. Bien sûr, tout le monde ne voudra pas s’y prêter. Et ce n’est pas qu’une question individuelle, de tempérament, mais aussi affaire de culture d'entreprise. Dans certaines organisations, on voit que les départs ne sont pas « gérés », et parfois traités avec brutalité, ou mépris. On escamote. Est-ce pour ne pas avoir à justifier les raisons d’une décision ? Au moment où l’on attendrait un minimum de courage, le manager se fait discret, et même plus que discret : il fuit. Qu’il est dur parfois de dire les choses en face, d’assumer une décision !
La vie professionnelle fait des « boucles ». On revient parfois où l’on n’imaginait pas revenir. On retrouve des personnes avec qui on a eu à faire autrefois, dans d’autres circonstances. S’il y a des dettes qui traînent, des blessures pas refermées, on les retrouve.
Respect et délicatesse, pour faciliter la suite
La qualité de la séparation - et je ne parle pas des possibles contentieux, et de leur coût - a des effets pour la suite. Si les choses sont faites avec respect, et pourquoi pas, délicatesse, on facilite la suite. Un départ mal géré dans une équipe rendra les choses plus difficiles pour le remplaçant ou la remplaçante. Et cela aura un impact sur la cohésion du groupe.
Se mettre au clair lors d’une séparation, c’est se libérer l’esprit, et apaiser ce qui doit l'être. C’est tirer les leçons pour ne pas refaire les mêmes erreurs, se rappeler tout ce que l’on a aimé et partagé, tout ce que l’on a appris, tout ce qui a marché, les moments agréables, car il y en a eu. C’est se rendre pleinement disponible pour une nouvelle aventure.
Cet article a été publié initialement sur ma page LinkedIn