Après l'emprise
Pour surmonter la perte de confiance, et la peur d'une nouvelle aliénation, il faudra ouvrir à nouveau la porte de l'imaginaire, et de la créativité
Comment revivre après l'expérience de l'emprise ? C'est une question qui mérite d'être posée. Car il est plus courant qu’on s'interroge sur la manière de se défaire d'une domination, d'une vampirisation, que de ce que nous pouvons faire pour renouer, ensuite, une alliance avec la vie.
Comment on s'arrache à l'emprisonnement mental, à la toxicité d'une relation ou d'un système de relations — on connaît les étapes. D'abord, prendre conscience (le plus difficile, souvent le plus long). Comprendre, intellectuellement, ce qui se joue, comprendre que l'autre ne fonctionne pas de la même manière que soi, que son plaisir (humilier, rabaisser, détruire) demeurera toujours opaque, insaisissable : l'admettre. Embrasser, dépasser, cette contradiction. Abandonner l'espoir fantôme d'un retour au passé, ou le désir de sauver le bourreau. Puis, le moment est venu, cesser de jouer. Laisser tomber les points d'interrogation. Agir. Avec discernement, et sens tactique. Reconstruire son autonomie, poser ses limites, créer de l'alliance autour de soi, ravauder fil à fil l'estime abîmée, préparer l'évasion, par les toits ou les égouts s'il le faut. Mettre de la distance, ce baume. Chercher la lumière. Et, là où nous aura mené l’intuition, quand il est temps, se poser à nouveau. Se re-poser.
Et alors quoi ?
L'emprise installe une atmosphère. Elle est un nuage poisseux que l'on transporte avec soi, avec lequel on croit se confondre, qui obscurcit le monde. Un sentiment-croyance dont on ne se défait pas aisément, bâti sur la culpabilité, le jugement, l'habitude. Elle est une hypnose négative — c'est-à-dire une auto-hypnose rigide, fermée, qui ne rend plus possible la créativité, l'inspiration et l'imaginaire dont nous avons besoin pour conduire la vie sur de nouveaux chemins. Au prétexte de la méfiance, de la peur de répéter les mêmes erreurs, il arrive ainsi que l'on fige son comportement dans une défense de soi qui étouffe entre des bornes étroites.
L'hypnose thérapeutique vise à entrouvrir à nouveau la porte de l'inconscient, raviver l’accès à des ressources toujours présentes : rétablir la libre circulation entre la raison analytique et l'imaginaire, entre l'oubli nécessaire et l'inspiration du rêve, car c'est cette souplesse, cette respiration, qui permet l'adaptation et l'invention.
Après l'emprise, voilà ce que nous avons à faire : pousser à nouveau la porte. Risquer la confiance. Aller vers notre beau danger.
Bonne journée !
PS : je donnerai une conférence autour de l’hypnose le mardi 6 décembre prochain à Paris, pour la Société Française de Coaching. J’aurai grand plaisir à vous y retrouver. Pour s’inscrire c’est ici.
Merci Marc! Et après toutes ces étapes que tu décris si bien, quand on en arrive à garder « l œil lointain » cher à Belmondo dans Itinéraire d un enfant gâté , alors qu’on fait à nouveau face à ce/ceux qui nous soumettaient, alors oui, on est libéré !
Envisages-tu d enregistrer ta conférence... Paris n est pas tout prêt, hélas :-). Bonne journée !